Sea. Zone 5.
Personne n’avait pensé à fouiller jusque-là. Il faut dire
que cela ne faisait que deux ans, en comptant depuis la réapparition
progressive du soleil, que l’eau s’était retirée de cette partie du territoire
européen qui avait constitué autrefois un pays. L’expédition était risquée, les
bois et les marais étaient infestés de bêtes toutes plus coriaces et plus
agressives les unes que les autres. Les vampires entre autres. Les plus petites
s’étaient fait une spécialité de l’infiltration invisible : frôler une
branche d’un peu trop près et vous étiez sûrs d’en transporter assez pour vous
donner une fièvre d’un jour. Sans protection, il était devenu aussi risqué pour
quiconque de traverser ces zones que d’emprunter une téléportable à ses débuts.
Pour autant, l’annonce du recul de la mer avait provoqué un tel espoir que les
volontaires s’étaient levés en nombre pour aller vérifier par eux même l’état
de terres. Tels des pionniers du temps du Far West, ils étaient partis à pied
ou à cheval avec un sac à dos, une hache et de quoi se nourrir quelques
semaines au grand maximum. C’est un petit groupe, une famille, qui la trouva en
suivant les indications des anciens. La cagna. La mer n’y avait pas touché et
s’était arrêté à peine cinquante mètres avant. Un petit miracle. Façonnée en châtaigner,
elle avait traversé plusieurs siècles avant d’être laissée à l’abandon.
Recouverte d’un monticule de branchages et de feuilles, les premiers arrivés la
déshabillèrent pour révéler son toit conique, son escalier et son promontoire
de terre qui lui donnait l’air d’avoir des bras. Un chemin passait devant.
Petite mais stable comme un phare, elle plu tout de suite aux Keller et à
leurs enfants. Ils s’y installèrent et lancèrent le signal, le premier depuis
longtemps – qui allait inaugurer la Grande Réintégration.
Inspirée de la cagna de Laurent Tixador, forêt de Liffré - GR 39
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