10/02/2012

Lieu #2


L'ikéa
C'est une verrue au milieu d'un champ comme disait ma mère, une bâtisse informe, jaune, vaguement rectangulaire, au toit de tôle. On pourrait y avoir froid et détester sa promiscuité. Tout y est amassé : cuisine, table, chaise, frigo, poêle, lit, télévision, radio, lampes, habits, armoires, radiateurs... Au moins, on a tout sous la main et quand on est petit, c'est assez pratique. C'est la maison temporaire, pendant les travaux de la vraie maison. C'est là que la vie s'installe, entre camping et confort modeste, ultra-modeste. Et il faut être ouvert, être d'accord pour vivre ici, avec l'extérieur qui s'incruste au travers du toit de plaques fines, de la porte qui laisse passer l'air, du chat qui s'invite, des toilettes que l'on voit par la fenêtre. Si on regarde les détails, ça ressemble même à la maison d'avant, assez sommaire et avec si peu de distance entre les pièces que l'on pourrait à la longue s'y sentir à l'étroit. Moi je suis là en visite, ça me va. Certes, il n'y a pas de grand canapé où s'allonger et pas de salle de bain où s'enfermer. C'est si calme en même temps. J'entends le vent qui souffle et ses rafales caressent les murs. Je me sentirais presque comme lorsque j'étais ado, là, allongée sur le lit à rêvasser. A eux – mes parents - aussi, ça leur donne un coup de fouet, ça les oblige à faire travailler leurs méninges, à innover, à se déployer sur le terrain vers d'autres espaces, à se disperser, à ne garder que l'essentiel, à oublier temporairement les standards de la vie moderne pour un confort du peu, du raisonnable, du bon compromis.

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